HULOT, LE SYMPTÔME
Citoyennement détestable, ce qui se passe pour Nicolas Hulot, devenu cible du hachoir – vraiment bien aiguisé – de la houle « balance ton… », ses porte-voix, sa résonance, pouvant – aussi – tourner à la foire techno. L’affaire – visiblement, flotte sur un fond réel quasi inexistant, reflet, écho, leurre. Une plainte qui n’a pas abouti il y a x années, avec une plaignante qui ne poursuit pas, et une erreur de transcription d’une autre affaire, liée, elle, aux alentours de la – vraie – histoire Denis Baupin. Bref, du probablement faux et du – on dit que… ainsi qu’ un vague « on ne prête qu’aux riches » (l’ homme passe pour séducteur et vous conviendrez avec moi, qu’on s’en fout), et une rumeur qui prend le vent, tous les vents, au pays du tam-tam médiatique et des redoutables réseaux sociaux. Parce qu’enfin, tout ce temps long à attendre les pointilleux cas par cas de la Justice, alors qu’il est si facile, si vite fait, et, j’ose dire, tellement jouissif, de souffler un bon coup dans Face Book, à l’abri d’un bon pseudo, bien sûr. J’aime beaucoup Nicolas Hulot, de mon lointain fauteuil TV – ses émissions « Ushuaïa » et « Okavango » ont été l’honneur de la télévision, ont brassé du pédagogique, du beau, du vrai regard à la fois admiratif et inquiet, sensible et vivant, pour des générations, y compris de jeunes en demande de repères. J’aurais payé spécifiquement pour ces images, ces odeurs, ces gens, qu’on croisait bien autant que les animaux menacés ; pour moi ( j’ai voyagé aussi grâce à Hulot) et surtout pour mes petits collégiens. Une chronique entière ne suffirait pas à dire tout le bien que je pense de ses émissions, et de lui à la barre… Mais, il y a aussi – en même temps, comme il faut à présent dire, l’ écologiste politique – la seule écologie qui vaille à mon sens, et c’est la citoyenne qui, là, apprécie, fait confiance à celui qui se penche sur la fleur désertée par l’abeille et, relevant la tête voit, en expert, loin, le monde tel qu’il va mal et pourrait devenir pire, à moins que sauvé par une humanité en progrès de conscience. Visionnaire, pas seulement gestionnaire, un ministre d’ un genre particulier, un idéal de ministre et de politique, au fond, que cet Hulot, toujours à part, mais, paraît-il, très écouté en Macronie, et c’est une excellente chose… Vous me direz, différencions le privé de l’homme , du métier, du talent, et de la fonction, des contenus des accusations de la rumeur. Évidence, que même un tribunal des plus obtus, refuserait pour autant de transformer en tranches de saucissons, car on peut espérer vouloir parler à l’ ensemble d’un individu, construit justement de ses différences. L’homme, nous dit-on, est « fragile », son itinéraire ne peut que nous le rendre sympathique, et pour tout dire, précieux. Son visage était un cœur ouvert impressionnant, lorsqu’il a pris le risque, l’autre matin, de devancer le flot attendu de la rumeur, en évoquant et en dénonçant point par point sa composition. On verra si la vitesse de dégonflement submerge l’étendue des boues, car voilà maintenant le curieux théorème auquel est affrontée toute personne publique à partir d’un certain niveau de rayonnement. Car – JF Vincent le disait dans une chronique récente et le contenu des commentaires l’étayait – au pays de l’affaire Weinstein et des « balance ton porc » , la vie prend de bien curieuses couleurs. Sous couvert – ô combien légitime, de la consolidation des femmes, des drames et autres crimes sexuels, se coulent des eaux glauques et sombres : la dénonciation anonyme ou sous pseudo, les plaintes ressorties après des lunes de prescriptions des faits, les anecdotes répandues sur la toile – stigmatisations automatiques et privées de tout droit de réponse – plutôt que dans les enceintes dédiées, police, justice, avec, certes, les énormes insuffisances qui leur traînent aux basques. Quelqu’un, dans un débat, hier à la tv, désignait cette atmosphère de peri-puritaine à l’américaine, dans ses aspects les plus détestables, les moins efficaces ; une supposée morale de bas étage, qui nous semblait, en France, à la fois risible et toxique. Peu importerait qui serait à la manœuvre, chaisières de sacristie ou féministes intégristes. Y vient-on ? Avec dans le sillage, une opinion, mi-attentiste, mi-lâche, qui « suit » le flot principal, aux motifs de ce « tout », les femmes, les hommes, les porcs, les séducteurs, les prédateurs… rejoignant, en ce domaine cette généralisation si dangereuse, si facile aussi, qui mine les meilleures démocraties… Tout se mélange, le pas grave pour vous, le très grave pour moi, le délit, le crime ; un viol et le reste… quel temps perdu dans ce fouillis ! Alors, Hulot, ce jour, demain, à qui le tour ? Urgent, pour le citoyen, d’observer avec la vigilance qui s’impose, le symptôme, pour derrière, débusquer la pandémie mortelle dont il pourrait s’agir. Pour le moment, les fenêtres sont grandes ouvertes sur les miasmes délétères ; ce sont des gens qui sont dans le collimateur, et croyez-moi, ça n’a pas fini de galoper.