Le sort édenté (Nouvelle)
Qu’importe le chemin ou le parcours que je mène. Tous les chemins mènent à mon sort, à mon soupçon, à ma prétention !!… Je prétendais qu’un des passants venant du ciel édenta mon sort, remémora mes contes, mes songes, les remplaça par une fierté ou une négligence. Qu’importe ! même hasardeuse. Tout est possible. Même s’il forgea ma peau à l’aide d’un piston, tailla mes jambes, ou les paumes de mes mains… tout est possible ! pourvu qu’il soit de ma sphère !! Appelons-le « soleil boiteux » répondit ma femme à une question gênante lors d’une discussion futile. Tandis que notre sort édenté, errant, égaré je ne sais dans quel désert ?! s’apprêtait à nous joindre… Ma femme s’attendait à une réponse vilaine !! prête à tous sacrifices, à toutes réponses, même ne serait-ce que par complicité ou hypocrisie. Au chant du coq, en rinçant – comme d’habitude – mes jambes minces, qui ne servaient à rien. Rien de rien. Alors que je souhaitais qu’on me coupât mon anxiété brutalement, au point que personne ne pourra envenimer le seuil de ma plaie ou dévoilera son secret. Mais en vain. Ma femme vivait – en ce moment – une heure d’errance. Mon intuition sentit l’odeur qui inonda notre discussion banale. Je sentis le jour qui venait de naître, allaité par un crépuscule sombre, ou un sort boiteux, ténébreux. Ma femme ne retint que cet allaitement dont l’odeur illumina les lieux… Elle était heureuse d’avoir eut l’idée de sentir l’odeur provenant de cet allaitement ! Allaiter un sort, c’est comme si on s’approche d’un gouffre vaniteux, répliqua ma femme d’un ton rauque : « De cette manière que tu fouilles dans plaies usées, puisées » ? espèce d’un zigoto, en agitant sa chasteté d’une voix lactée et d’un dandinement d’épaules si blême. Oui ma chère, hélas – je devais fouiller dans mes plaies de cette manière – oui ma colombe, et ce dans l’espoir d’en acquérir un tison lointain, un secret lugubre permettant à mes larmes d’allaiter tes conneries dégringolées. Laisse-moi dorloter mes sacrifices trébuchantes de cette vilaine cause, que je menais à tort pour ce pays sournois. « Je feuilletais mes carnets lointains, mes sacrifices pour la cause du pays afin de purifier mes soupçons envers ces zigotos dirigeants du quartier, laisse-moi s’il te plaît rebrousser mon militantisme, ma naïveté tant crucifiée, déchiffrer les énigmes de certains pieux, vénérables de ce pays et de quelques « fidèles » adhérents, permanents des djoumaa (des vendredis). D’un air rage, écorché de sa colère, sa femme lui lança regard strident : Espèce d’un renard incrédule, méconnaissant. Toi qui a pillé, dévoré toutes les ressources et les richesses de ce noble Bled innocent, depuis son indépendance, et tu n’a pas froid encore aux yeux : tu oses d’en avoir plus… Va-t’en, crapule, chez ta sorcière deuxième femme. Je me débrouille seule. C’est toi d’abord qui as essayé par toutes tes ruses de dégénérer ma chasteté… Tu ne réussiras jamais… Je ne suis pas à ta portée… va-t’en… laisse moi tranquille. Nous étions tous les deux coupables, moi et ma femme nommée : « SNP » (son non perdu). Nous sommes même allés voir un « taleb » (le prêcheur) qui nous a conseillé de couronner des « amulettes » autour du cou pour chasser l’œil clément, ou inclément, qu’importe, n’est-ce pas monsieur « le gouffre vaniteux » ? Je me suis réveillé un beau matin, dans l’idée d’appeler ma femme à une conversation assez importante, de lui donner un compte rendu de ce que le « taleb » me disait auparavant : « les amulettes font face à toutes les circonstances, c’est pas la peine de faire recours à ta femme ou à quelqu’un d’autre ». Je me retenais pour ne pas être agressif ou avoir l’idée de consulter un autre « taleb », ils sont nombreux. Le sort grandit avec moi, élevé entre de bonnes mains. Ma femme « SNP » profondément touchée par cette affection, cette tendresse, cette bonne éducation, qui palpa mon désir par intuition et par curiosité, et obéissance en même temps au « taleb »du quartier. C’était une fée qui avalait mes désirs, mes paroles, en passant côte à côte avec ma femme qui restait bouche bée devant la fée, proclamai-je : « Elle paraissait en chair et en os. Souvent passa aux alentours du seuil de ma porte bien protégé. Elle illumina mon sort qui devint terne après ». La fée sénile « me raconta souvent des contes et des histoires ! » Le jour du pacte vint, la fée garda un petit sort à son niveau, imposa quelques rectifications par prudence, me faisait signe de sa chevelure de telle sorte qu’elle pourra effacer l’époque précédente et faire face à toutes les circonstances. Ma femme pleurait à fond, elle sentait qu’a la manière dont la fée changeait les couleurs de sa chevelure à chaque fois, ce ne pouvait être qu’un changement radical de lieux ! Ma femme lança des « youyou ». Le sort donne sur l’horizon, et moi j’y ai vendu ou prêté mes sentiments glacials au jour qui s’inclinait au bord de mon seuil, au large où Ernest Hemingway songeait – en plein combat – avec son grand poison rusé, coincé dans les ténèbres du large ! Dédier mon « ablution » aux mendiants venant de tous les coins du pays pour tendre leurs mains propres, saintes ou sales devant les mosquées tous les vendredis, qu’importe. Et tout cela sur instructions fermes – et l’égide – de ma fée qui me suivait toujours… En pliant mes jambes, faisant semblant que le vent ne dévaste pas mon odeur… mon jour superstitieux. Une superstition envahit mes jambes rouillées de nouveau. Mon espoir, mon désert, et mon sort, qui me donna le courage d’empêcher les douleurs (toutes les couleurs, surtout celles des vestes des quatre saisons). Or ma femme disait que c’est une période transitoire : « tu n’as pas besoin de faire recours à la superstition ». Le jour soupçon, perplexe chatouilla « les alentours » de mon oreille, survola autour du jour tant attendu. Un « pacte » douteux, douloureux me laissait en suspens. Le sort parut « fécond » lors d’un « recueillement » de « superstitions ». Je sortis « indemne » de ce gouffre « soupçonné ». Mais je ne sais ce qu’il nous réserve ce gouffre, soupçonné, vaniteux ! L’héritage s’est réparti entre le sort, la fée, ma femme SNP et les autres mendiants. Je souffrais, mes veines m’ont tout dit ! Le jour s’inclina de nouveau… Ma femme, ma fée, se regardèrent sans dire un mot ou échanger de regards. Le bruit d’un malentendu courrait dans le quartier, brûla mes veines, puis soudainement, à voix basse changèrent d’insultes salées (fée- femme SNP), juste près d’une veine à proximité de mon cœur « tout à fait à gauche ». Les jeunes du quartier qui dormaient là où ils mangeaient la « loubia » (haricot), saucée « aux os de bœufs obèses », se prêtèrent l’oreille ! Le jour se leva sur cet événement où tous les voisins enfonçaient leur nez jusqu’au bout. Un « pacte » va naître, disent les gens et les curieux du quartier !! Cette « issue » va peut-être dévaster le « sort » ténébreux. La fée entrouvrit « l’issue », poussa un soupir. Ma femme s’évanouit dans le champs, lança un cri strident, entrecoupé par des gémissements, ma fée s’envola, s’évapora, l’issue s’envola aussi !! pénétra dans mes veines, à proximité de mon cœur (tout à fait à gauche), ferma mes veines à clé. Mes « deux épouses » (femme-fée) baissèrent les yeux. Le jour se leva – de nouveau – sur un craquement d’une porte entrouverte d’où venait une odeur similaire à l’alcool avec lequel ma femme me massait les jambes et pieds fatigués. Le sort grandit, « grondait », les jeunes curieux, ma fée aussi. Le jour s’inclina, même la nuit, y compris ma femme, sauf ma fée qui se suicida. Je ne sais si c’est par tentative de pureté, de purification, ou c’était un simple suicide ? De toute façon c’était un geste « anodin ». Ma fée me la confirmer, en pénétrant dans mes veines irriguées par un amour sincère et profond. Le F-2 que j’occupais n’était pas une deuxième femme , ni un deuxième espoir : « Je ne suis pas ce que vous pensez » dit le vénérable du quartier en présence des « pieux ». La fée quitta mes veines à jamais ! Ma jambe aussi. Je songeais, je vantais moi aussi… Un ciel radieux paraissait à l’orée de la ville. C’était ma fée qui quitta les lieux, je songeais lorsque la fée avala des secousses données par la queue du poison rusé au large du « vieil homme et la mer » d’Ernest Hemingway (1). Le sort brisé contre la jetée réveilla ma femme qui frotta ses yeux devant le seuil des services de logement destinés aux nécessiteux. Il était quatre heures du matin quand ma femme se trouvait, en vain, devant une issue en sa main sainte « une carte de vote » « enveloppée » dans une « citoyenneté » et naïveté. Les gens se bousculaient pendant que l’agent « Très-Haut » prononçait : « Madame, votre nom n’existe pas sur la liste des bénéficiaires, revenez ultérieurement » en adressant son cri strident en direction de son visage : « abîme », blême, « grisonné » ; édenté ! L’embryon dans son ventre cria à haute voix : vive la citoyenneté, vive le militantisme. Des hurlements de ça de là : « évacuez cette dame en toute urgence à l’hôpital, elle souffre d’une hémorragie ». L’embryon entassa les « demandes » de logement – en instance – dans une baraque d’ordures : « ici demeure votre espoir, sauf les ayants-droits épaulés sont inscrits ». Bien sûr, pendant qu’une fourgonnette des services de l’ordre éparpilla aux alentours des « pin-pon » provenant d’une sirène assourdissante bien sûr. Le miracle fœtus s’évapora, je ne sais si c’était le fils de ma femme ou de ma fée ? Ma demeure sous la belle étoile entassa mes deux femmes « fée-femme, SNP » (son nom perdu) sur mon dos courbé, chargé de soucis, de sorts édentés. Le sort se brisa contre la jetée. A bord d’une rivière rythmique, mes larmes ruisselaient comme les injures de la haine !… et j’ai tant attendu cette anecdote, cette songerie, mes amis(es). (1) Le vieil homme et la mer (roman), Ernest Hemingway