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Le troc des ténèbres (Nouvelle)

Pendant que son futur orgueilleux patron « s’affaire » en pleine quiétude dans son superbe jardin de sa villa, Kandar ânonne en hâte sa perfection, sa destinée, sa désillusion. Affublé d’un pardessus noir, octroyé par une organisation humanitaire. Vaniteux, comme pour dire au destin : « je survis toujours ». Pelé, frustrant, s’engouffra dans sa songerie. Propulsé de quelques soupirs et gémissements et de quelques ambitions… Le levant, tout gai, sémillant, dessine son point cardinal, tisse le rayonnement du soleil et climat méditerranéen, offre aux quelques légères brises passagères un parfum particulier. Devant le seuil de la villa du futur patron, Kandar, rescapé d’un sinistre, assis sur un banc public en bois sans accoudoir, stimulant sa mésaventure dissimulée dans le fond de ses pensées et ses ambitions. Rustre, sous-estimé, pensaient, bien intentionnés, les passants qui le dévisageaient avec un regard torve, avec une grande méprise. Néanmoins Kandar se soumettait à son destin, sans étrangler ses ambitions. Sur le banc, en bois, Kandar tenait, dubitatif, un bout de papier froissé entre ses doigts. Son manteau noir, strié, donne l’impression qu’une pénombre aléatoire lui porte une destinée « Ecrite Là Haut ». Il se morfond. Il se hasarde. Il change de banc. Cette fois-ci, il s’accouda sur un vieil arbre en plein cœur d’un square, le visage altéré par une fatigue pendue dans les recoins du square. Il croqua quelques bribes d’un morceau de pain qu’il récupéra d’une poubelle. D’un regard furtif, guetta l’imprévu, l’incertain, les passants. Déjoua tout acte provenant de ses entraves, et ses mésaventures, son humilité et sa jubilation aussi. Il veut coûte que coûte s’empêcher aux pesanteurs sociales. Prodigue ses émotions à une quiétude, inaugurale, imaginée, gravée dans son instinct. Une brise légère surgit en un clin d’œil, lui offrant un réconfort. C’est bien son futur Patron vêtu d’une veste en cuir qui surgit réellement d’un seuil en marbre, escorté de deux Jeunes aux lunettes noirs perçantes. L’homme se dirigea tout droit vers une voiture blindée, garée à proximité de sa villa. Il s’enfonça arrière de la voiture dans une arrogance. Tandis que Kandar remua son escapade au cœur du square. Un de ses hommes lui fit signe de se lever du banc. Il le suivit, tête courbée, recru, claqué. Surmonté de sa peur emmurée, Kandar pressa ses pas, retint son souffle et un bout d’un papier que le Monsieur lui tendit frissonna aux berges de sa pâle main. C’était écrit : « bon fossoyeur, embauchez-le ». Kandar retint aussi ses heures successives. En mâchant son spleen et sa torpeur épuisée, rejoignit en hâte sa hutte au cimetière des « Aristocrates », pas loin de la villa. D’un ton hargneux, le monsieur, en un tour de main, lui infligea une pelle et une pioche. Tête exagérément inclinée, Kandar si mit au boulot… dos endossé… désemparé… accablé de pudeur et de panique, tint la pioche par son manche ; et d’un air gémissant commença à dévaster : pêle-mêle, la première couche d’un sol plein de boue… il fit tomber ces couches boueuses, couches par couches, à l’aide de sa pelle, comme s’il était dans une bataille, ou dans un front de guerre. En s’enfonçant dans les ténèbres de la tombe, un craquement assourdissant surgit d’une bouillasse. Kandar se trouva face à un « testament » épargné dans un écrin argenté. Il l’ouvra… c’était écrit : « C’est Philippe, l’aristocrate. Je lègue toute ma fortune, tous mes biens, mes châteaux… sauf ma pipe et l’aboiement de mon chien s’il est encore survivant !… à celui ou à celle qui ouvre cet écrin… Veuillez consulter mon ami le notaire, Maitre Robert, pour la copie intégrale dans un délai de « lustre » à partir de la découverte du testament. « Une autre copie se trouve au niveau du tribunal de ma résidence faisant foi ». En marge cette mention : « lieu de résidence… chèques dument approuvés et signés à l’ordre du bénéficiaire (case vide) ». Une sueur rajeunit une homologue sueur crédule qui régnait sur le front de Kandar… dévasta ses mésaventures ; lorsque ce dernier, arrogant, approuva devant le notaire sa pleine satisfaction en se basculant comme un présage… d’un fauteuil à l’autre… dans un bureau immense du Maître Robert, ce dernier proclama, avenant : Félicitons monsieur Kandar, ex-pauvre fossoyeur. Et maintenant que vous faites partie des riches… permettez-moi de vous dire que c’est grâce à votre présage, votre destin… votre sueur, « le troc tes ténèbres », que vous êtes passé à l’autre rive… et c’est aussi grâce au chien « Babou », épitaphe, enterré dans ces ténèbres, l’ordonnateur, le propriétaire de ces fonds, que vous êtes devenu « aristocrate ». Vous devez le remercier dans ses « ténèbres »… dans son vaste Verger. Kandar, en signant ses différents documents d’acquisition… lança un ravissant sourire, s’exclama : Merci Maitre… Merci Babou… Que Le Seigneur t’assiste dans son Vaste Verger. Gloire au défunt Philippe… Gloire à ma sueur… troc des ténèbres. Gloire à ma modestie.

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