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Serge Poliakoff, le magicien de la Place Rouge

Il faut entrer sans l’ombre d’une quelconque intention parmi les œuvres de Poliakoff au Palais de Tokyo. On ne découvre pas Poliakoff, pas à pas. Embrasser la première enfilade, puis la seconde enfilade puis la troisième enfilade au pas de course en évitant soigneusement le bla-bla de circonstance sur le grand écran de la salle obscure. Après avoir reçu un jet de Poliakoff en pleine face, inhalé toutes les particules encore grouillantes, gesticulantes, les manipulations intensivement provocatrices de ces portions de peintures, repartir sur la pointe des pieds, poser une tiare sur sa tête, un châle sur ses épaules au même titre que les traces des empreintes du Russe, parce qu’il a scellé son sol natal dans le « même tableau sans cesse recommencé » avec un point d’ancrage sur chaque toile, une tache de naissance. Ainsi vous aurez traversé une datcha en folie. Une escale pour vous repoudrer le nez. Revenir en arrière pas à pas le nez par terre et refaire le même tour. Par générosité vous serez admis à percevoir un accord purifié des basses d’une guitare menant le bal entre des poupées russes ayant un passé de saintes. Mugissements d’un artiste en flammes, éclaté en pans enluminés intégrant trois punitives dures périodes induites par la très Sainte Russie, des misérables bolcheviques, et mille chants de toute la nomenklatura musicalement imaginée par un exilé russe. Dans chacune de ses œuvres le dédoublement de la terre de naissance et de la terre d’accueil. Éblouir avec de l’argent, de l’or ou des diamants, endormir avec des fleurs de pavot, lunatique, euphorique, éperdu musical, viralement merveilleusement géométriquement Poliakoff.

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