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Alain Finkielkraut – Vous me la chantez ? Où est-il mon moulin de la Place Blanche ?

Je n’aurais jamais été capable d’écrire cette analyse savante, habile et séduisante d’ Eric Aeschimann  dans le NouvelObs que j’ai lu attentivement, même deux fois tant est restreinte ma capacité à aborder le doigté d’un texte. Hier soir, tard, après les insipides Drucker et Bruel, j’ai été suspendue aux lèvres d’Alain Finkielkraut, cet homme qui « ne veut blesser personne », au sourire charmeur sensible à l’humour : « – Avez-vous mal vieilli, lui demande Laurent Ruquier qui pour une fois ne s’est pas trop mal débrouillé. – Un vieux con, ça s’est entendu très fort !! » Ce mec-là est séduisant quoi qu’on en dise. D’autre part : « – Si le monde n’avait pas de frontières, on ne pourrait fuir nulle part »… Pour la nomade que je suis, c’est un langage qui n’a pas de sens, mais je suis à des années lumières du discours de Finkielkraut, même les frontières invisibles je les marginalise. Puis il cite Montesquieu, Fustel de Coulanges, Péguy, Barrès, moi qui ai brillamment fini mes chères études à 16 ans, je suis épatée sachant que le khâgneux pourrait en citer mille autres et toujours aussi facilement, mais ce n’est pas un cuistre, lui ! Ses mains parlent, je suis émue de voir ce bel homme si nerveux : « je n’ai jamais cessé d’être le juif que je suis, je paye ma dette », c’est le « cri ». Douloureux ? Peut-être. Puis au coin de la rue : « – Quelle est votre différence fondamentale avec Marine le Pen ? » Un petit tournant flou, gênant : « – Je ne suis pas questionné, mais mis à la question ». Oui l’homme est soumis à une telle sensibilité qu’il est exclu de ne pas lui tendre la main pour lui adoucir la vie, même si je refuse « la jeunesse hors sol ». Mais qui suis-je pour parler ainsi, moi qui serais liquéfiée à l’idée de lui poser une question qui par avance serait dépourvue d’érudition ? C’est pas une Natacha Polony que ça embarrasserait, elle ! parce que, elle a enseigné ! elle ! En l’occurrence le pic de l’émission fut l’accrochage sans truquage entre le courageux Aymeric Caron, « tu sais lire le français ? »,et la plus que je-sais-tout-sur-tout-Polony qui veut avant tout protéger son statut d’équilibriste du savoir. A une heure 8 du matin, je diverge d’avec Alain Finkielkraut, mais au final, n’était-ce pas un jeu de khâgneux sous la lumière des projecteurs ?

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