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To vote or not to vote ?

C’est, en effet, la question qui se pose aux les électeurs de gauche vis à vis de la primaire de droite. On estime de 260.000 à 560.000 ces possibles intrus trublions sur les quelques 3 millions de votants attendus. Grands émois chez les candidats à la candidature. Fillon plein d’espoirs : « Si on est gaulliste, on considère qu’il y a un peuple français, on n’a pas des hommes et des femmes qui sont génétiquement à gauche et génétiquement à droite ». Il faut dire qu’il est mal placé dans les sondages, bon troisième… Juppé, patelin, souhaite ouvrir les bras aux « déçus du hollandisme » ; ben voyons : c’est pour lui que voteraient les sous-marins du camp adverse. Quant à Sarkozy, il écume : « On m’a dit “il faut une primaire loyale”. Où est la loyauté quand on appelle des électeurs de gauche à voter, à signer, parjures, un papier dans lequel ils s’engageraient à partager les valeurs de la droite ? ». Bien sûr ! Lui, il serait la cible principale de ces pirates gauchistes… Côté majorité, l’on ne se réjouit pas trop : Sarkozy redonnerait quelques couleurs à un champion socialiste – quel qu’il soit – promis à une élimination dès le premier tour. Najat Vallaud-Belkacem met en garde : « à un électeur de gauche qui s’interrogerait, je lui répondrais de ne surtout pas y aller, ce serait totalement malsain que de s’occuper d’une primaire Les Républicains basée sur les valeurs de la droite ». Alors, quels arguments pour ou contre ? Le pour saute aux yeux : un duel Sarkozy-Le Pen, au second tour, représente pour la gauche l’horreur absolue, génératrice d’une abstention massive : entre la peste et le choléra, inutile de choisir (moi-même, dans un tel cas de figure, je m’abstiendrais). Qui plus est, dans l’hypothèse probable d’une absence de la gauche en finale, la participation à la primaire de droite constituerait la seule et unique manière de peser – négativement – mais de peser quand même sur l’issue du scrutin. Le contre maintenant. Pour les puristes, il est humiliant de signer un texte où l’on « se reconnaît dans les valeurs de droite » et d’apporter une obole de deux euros à la « cause ». A la guerre, comme à la guerre, soit ! Mais il y a des limites… Plus sérieusement une forte mobilisation de l’électorat de gauche susciterait, en retour, une mobilisation comparable de l’électorat de droite. Un jeu à somme nulle, au total. D’autant plus que l’histoire politique américaine montre qu’un déplacement de 5% de démocrates ou de républicains votant à la primaire ennemie, non seulement ne change pas le résultat définitif, mais, au contraire, ne fait que l’amplifier. Tout bien pensé, pour ma part, j’irai quand même… écraser l’infâme.

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