Actualité 

Camarade, mon camarade, quelle(s) gauche(s) vois-tu venir ?

… Mais, venir ou pas ? Singulier ou pluriel ? Réponse cinglante à l’un de mes récents billets, «  Primaires de la gauche, l’ombre de Tours  » ? ou grand large sur tout autre chose ? Vie ou mort, au fond… et chacun de s’interroger au soir glacial du dimanche passé, à moins que pour certains – j’en connais – le mouchoir s’imposa pour éponger les larmes – lames sans doute, aussi – de cet Epinay de notre jeunesse qui disparaît, avec ce bruit si particulier des cadavres qu’on noie. Celui – le challenger, qui fait face ce 29 de Janvier à ce qu’il est convenu de nommer : un ballotage défavorable – qui avait dit, un temps, l’œil dur, qu’il y avait des gauches, deux, irréconciliables, avait « pythisé » la chose dans l’axe, ignorant qu’il en serait la première victime. On se croit roi indéboulonnable dans les hauteurs du pouvoir ; d’autre(s) que notre Manuel l’ont expérimenté si récemment, dans le fracas – jeu de mauvais gamins, peut-être – des « dégage » colériques, que nous vivons, tous, toutes options politiques confondues, et tous espaces géographiques mélangés. Les cartes posées sur la table auprès de l’urne de dimanche sont à l’évidence on ne peut plus simples ; celle du tangible et des possibles, pas forcément rose pétant ; celle – loin, là-bas – dont tant d’entre nous ne voient pas nettement de quel horizon il s’agit ; ce temps rêvé d’un autre socialisme qui mettra 50 ans à prendre forme, ce franc (trop) idéal opposé au franc (trop) réel de l’autre. Et l’idée de nous traverser que cet Hollande parti loin dans ses déserts de l’autre hémisphère, était peut-être, avec sa synthèse en bandoulière, le pont qu’il aurait fallu, mais, bon… Deux temps complètement différents, qui, pour le moment, s’écartèlent ; une gauche qui ne marche pas sur ses deux jambes, un climat pré-guerre de religions qui sent son XVIème siècle, attendant, dans l’ombre des fourreaux, sa Saint Barthélémy. Le temps de tout, sauf celui d’un rassemblement. Truisme. Les plans pour le reconstruire alors que coule le Titanic… On comprend cependant d’où viennent ces rivières dont le cours risque d’être long – temps quasi géologique – avant de rejoindre le même océan : celle qui veut inventer autre chose et du fort et du grand ! Pardi ! sortie qu’elle est toute cabossée de la « punition » et des contraintes du quinquennat. Frondeuse, pas autre chose, montrant loin vers l’horizon « sfumatisé » je ne sais quels lendemains qui chanteront un clairement autre mode de vie, de consommation, de rapport au monde… et tout ne fait pas se moquer dans ces discours et ces dossiers, ma foi, bien préparés, d’un Hamon inspiré. Mais, pour qui ce futur ? Ni pour moi et ma génération – nous ne verrons rien de tout ça passer de la page au réel. Ni, j’en ai peur, pour ces jeunes en jachère, en perdition, en déshérence, que le rêve envahit ; utopie décidément rime chaque fois que fougue se présente avec socialisme – du revenu universel versé dans la gamelle de tous, sans conditions de ressources, celui – pas si mineur que ça – du cannabis sorti de la pénalisation ; foin de la santé. Et qu’on ne nous abreuve pas du cas de la Finlande, qui – très petit pays homogène – expérimente sous le titre de l’universel le revenu d’existence décent de Valls, non étendu à l’ensemble de la population, par ailleurs. Alors, me direz-vous, Manuel Valls et son expérience, sa stature, le bruit de ses bottes, et son regard de surveillant général ? Manuel et ses couleurs déjà ringardisées…  Eh bien oui, et sans barguigner, sans exagéré enthousiasme non plus, pour rester encore un peu en une sorte de socialisme du possible et du réel – une miette, un pan de bouée, avant le grand plongeon dans toutes les aventures à venir, les Fillon, les Le Pen – demain, pas dans 30 ans. Et même dans celle, portée par le fumeux Macron, ses badges et ses pin’s rutilants, son interface vieille comme la politique, entre ceux-ci et ceux-là ; sa marmite au un peu de tout. Peut-être – on le sait – faudra-t-il un jour prochain expertiser sa besace, à celui-là, mais, pour lors, le choix est chiche entre «  ceux qui partent courir l’aventure » désignés par notre Blum au congrès de Tours, et continuer le chemin – je dirais, le travail – protéger ce qui reste, deux ou trois cailloux – neufs, évidemment – en poche. Les temps sont trop à l’orage pour qu’on parte non couverts.  Alors oui, Manuel. Parce que, tout bêtement, c’est raisonnable, et que les autres voies ici et là me semblent sans issue. La gauche et la raison, mais le regard haut ;  une problématique ancienne comme cet « aller à l’idéal pour construire le réel » de quelqu’un, il y a longtemps, hier, demain, en fait, comme il se doit, toujours…

Vous pourriez aimer lire: