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Diplomatie : les choix d’Obama II

Sujet de rêve, au moment où la chronique est rédigée, que ce regard sur la politique extérieure de Barack. Dans les starting-blocks, face à l’innommable Syrien, la diplomatie américaine consulte, en grande démocratie qu’elle veut être, le Congrès, avant de lancer une intervention d’importance, et, par là, même, de résumer le dossier de l’IFRI, écrit juste avant l’été. Or, on trouve aujourd’hui toutes les composantes de l’extérieur d’Obama II ; rien du va-t’en guerre, beaucoup de préparations, une certaine crainte (ou réticence) à intervenir au Moyen Orient, le poids des contingences économiques et financières propres à l’intérieur américain… Ces structures que mettent largement en évidence les articles de la Revue de Politique Etrangère seront-elles modifiées ou validées par les évènements qu’on suit heure après heure, actuellement ? Cinq articles nourris se partagent le sujet, dans le dossier que dirige Laurence Nardon. Deux d’entre eux se trouvent au cœur des problématiques en gestation actuellement ; on comprendra donc qu’on en fasse un usage appuyé. « Quel avenir pour l’alliance transatlantique ? » s’interroge Robin Niblett. L’Europe et les USA sont, certes, préoccupés par leurs situations internes (dette, relance économique, stress social, interactions territoriales) – le contexte de la Crise restant prégnant – mais le deuxième mandat d’Obama pourrait « offrir une opportunité de relance de la relation transatlantique », face au terrorisme international, à la situation du Moyen Orient, au poids de la Chine ; ainsi, « négocier une ligne rouge vérifiable sur le nucléaire iranien » ; être très vigilant sur les suites heurtées des Révolutions arabes – terrain instable et mouvant –, redevenir actifs dans les relations israélo-palestiniennes. Tout pousse à réinventer l’OTAN, en instituant notamment un contrat nouveau entre Europe et USA, au service de la sécurité collective. Niveau réduit de la présence militaire américaine, impliquant pour le vieux continent d’assumer davantage sa sécurité, de façon plus « adulte ». Approche mise en œuvre en Libye et au Mali, dans « la guerre des trois mois » (autre excellent article de Michel Goya, dans la même revue). Une meilleure coopération – un réchauffement – avec les alliés européens s’impose, et Obama, a, derechef, ces derniers jours, battu le rappel des vieilles troupes, pour acter le refus face à Bachar El Assad et ses armes chimiques. On aura remarqué, du reste, des « nouveautés » par rapport aux rituels historiques : le positionnement de repli anglais, et l’acceptation ferme de la France. Chady Hage-Ali est en charge d’un article qui sera forcément convoité par le lecteur : «  Washington et le Proche Orient ; le jeu des nuances ». Nuances, mot qui restera peut-être en suspens après les évènements actuels… Prémonitoire, la présentation de l’article ? « L’Amérique se trouve aux prises avec un faisceau de forces et d’acteurs qui ne sont plus aussi prévisibles que par le passé ». La ligne du président Obama est qualifiée de « guerre nécessaire », un interventionnisme réfléchi. Tout ce qu’il montre, en effet, de sa diplomatie face au problème syrien, illustre parfaitement les termes employés. La personnalité et les positionnements du nouveau maître des Affaires étrangères, John Kerry, sont éclairés de façon utile, puisque ce vétéran du Vietnam se présente réaliste et « réfractaire à l’agressive engagement » qui caractérisait les néo-conservateurs. Le Proche Orient c’est aussi les relations israélo-palestiniennes, l’Iran, et les impatiences des Pays Arabes en plein mouvement. Large développement, dans l’article, des refroidissements déjà enkystés entre Obama et Netanyahou, qui ont contribué au gel des négociations du processus depuis 2010 ! compensés cependant par la percée aux dernières élections d’un parti de centre gauche, dont le nom : « Il y a un futur » vaut espoir. Déception, en face, on le sait, durant le Obama I, d’un peuple palestinien qui attendait beaucoup. Ici, donc, équilibre instable, mais qui pourrait déboucher sur une sortie de l’immobilisme ; Kerry, là, encore, semble précieux. De nature à freiner ce zéphyr, un certain silence actuel d’Israël, devant, via l’intervention occidentale contre la Syrie, la peur d’une chute massive de dominos dans la région – déclenchant l’ire de l’Iran, fidèle soutien de la Syrie, considérée comme « sa tête de pont proche orientale ». Obama II doit faire face aux houles, parfois considérables qui agitent les pays Arabes dans la région. Virage tonitruant et ô combien difficile de l’élan démocratique issu des Révolutions, au – presque – passage obligé des Intégristes au pouvoir, entraînant une seconde vague des révoltes. L’Egypte, « pôle de stabilité » pour les USA, quel que soit son régime, incontournable, au bout, pièce innégociable dans le jeu américain, a – depuis l’article – opté pour un encadrement militaire, sur lequel portent, à n’en pas douter, les regards américains. L’Iran, et sa ligne rouge installée par les diplomaties occidentales, est en 1er rang, ces jours, car, le dossier syrien est « devenu un levier de pression, qui, si le conflit s’internationalisait, risquerait de réduire à néant les pourparlers sur le nucléaire, et d’inciter Téhéran à jouer sur les nerfs de ses adversaires ». Une des conclusions de Chady Hage Ali : « si pour Israël et les USA la ligne rouge est un Iran possédant la bombe, pour l’Iran, la Russie et la Chine cette ligne est pour l’heure l’ingérence dans le conflit syrien, l’atteinte au régime de Damas, et, à travers lui, à leurs intérêts géostratégiques »… Mais n’entend-on pas ces dernières heures un Poutine dire que si la preuve onusienne des bombardements chimiques était prouvée, alors… D’autres articles dans ce dossier, tout aussi passionnants et informatifs : l’Amérique et son recentrage sur l’Asie du Pacifique ; la présence des USA en Afrique, le développement des énergies fossiles non conventionnelles – pétrole et gaz de schiste – avec au bout une possible indépendance énergétique, où on voit facilement les incidences en géopolitique… tous articles qui vaudraient recension, pour le plus grand bien de nos lecteurs, mais, on aura compris à l’évidence, le choix d’éclairer aujourd’hui les articles choisis. Passionnant IFRI et sa revue ; passionnante géopolitique où l’on mesure qu’en quelques semaines – le temps séparant la parution de la revue et cette recension – les choses changent et font que demain il faudra que nos chercheurs reprennent la plume… cent fois sur le métier…     Institut français  des relations internationales – revue de politique étrangère – été 2013 «  diplomatie, les choix d’Obama II et les minerais d’Afrique, entre conflits et développement » – 20 Euros

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