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J. S. Bach : Partita en mi mineur. Petite musique d’eau vive

Sarabande attachée à des milliers d’heures, des milliers de relances de « mi » étudiés, ces inséparables de douleurs adoucies. Transcription. Toute une vie sourit, s’effiloche. Un rythme. Une voie s’ouvre… une fêlure. Sueurs sur le corps. Mais son cœur bat toujours un peu. Ce n’est pas cette mère que je connais. A quelle lumière demande-t-elle consolation pendant cette montée mystérieuse dans un entre-monde ? Trois lettres nous séparent déjà, en suspension. Je ne sais plus rien de toi. Sur le pas de la chambre, une hésitation, un coup dans le cœur, un dérapage mais je sais que je t’appartiens. Les mots cognent. Je cherche dans une source sauvage un courage d’amour alors qu’une part obscure mord ma chair. Ineffaçable vision, couleurs absentes. La fenêtre d’une misérable pièce qui ouvre sur rien, où sans ton consentement sans le mien, ce rien t’empoigne dans tes dernières heures de misère. Le silence. Le silence forcené. Une ère, air de mutilation, surcharge de vie d’un coté pendant que de l’autre, un pas. Nous sommes devenues transparentes l’une pour l’autre. Il ne fait pas chaud, il ne fait pas froid. Ma Madone me lançait mille appels. J’abandonnais, menottée, anesthésiée par l’autorité d’un psychotique pervers entérinée par des bordereaux de savoir… Souffrir jusqu’où ? Farcie de douleur, je me désinstalle dans des restants de mémoire essayant de raviver une main toujours tendue. Y a-t-il dignité dans déchirure ? Dans une mesure une note de musique peut être un faire-part d’absolu. Les sons terribles de cette chambre donnent un éclairage insoutenable à ma mémoire. Mesure trente-sept de la partita, un sourire à peine amorcé, la sérénité de la trente-huitième noue les hommes entre eux après difficultés et douleurs, sans violence, sans affect comme si tragédies et fictions cicatrisaient leur propre cruauté. Passage d’un mode majeur à un mode mineur. Legato inconditionnel d’un parcours où je pris naissance avec le vent du Sud dans un entre-goût de paradis et d’enfer sans savoir que la pause serait accompagnée de tant de croix. Je ne sais de toi que cette musique et cette médaille sanglante animée par trois lumières, la délicatesse de tes mains sur le clavier ton élégance de pensée, l’abondance de ton amour, toi, mon double.

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