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La Cantabrie est une maîtresse sans pitié, Jean Christophe Rufin

J’avais vécu de beaux endroits Je m’étais brûlée de soleils sur de belles terres J’avais parcouru des champs d’émotions Les unes joyeuses, les autres graves et attristantes Et puis, ce fut tout ( Luce Caggini )   Quand on referme le livre de Jean-Christophe Rufin, on peut se demander par quelle méprise on devient pèlerin de Compostelle. J’avais déjà une bonne raison de lire Jean-Christophe Rufin quand je découvrais qu’il était né à Bourges. Cela me venait de mon entrée en sixième au Lycée à Oran. En ces temps, chaque élève devait écrire sur une feuille où elle était née, la profession de son père ; un coup d’œil sur ma voisine me laissait émue, admirative comblée de chance car elle était née à Bourges ! ça m’avait l’air d’une singularité, d’un événement heureux qui devait m’accompagner pendant de longues années. Bourges… Oran, ça fait 1829 km… Huit cents kilomètres ça valait bien le détour par Compostelle. Monastique, mondialiste, maraudeur mais magicien des rires et des larmes de tout un peuple de motards et de routards marchant et mourant du désir de mettre fin à des murs de monstruosités de médiocres rangées de ciment aux abords des villes, Jean-Christophe Rufin nouera les meilleurs liens de sa vie réalisée en petites étapes entre crasse, douches, pieds puants, ongles en deuil, mirages de la foi et ordures des vases communicants entre pipis et cacas de la nomenclature d’un genre « Vie et Mort d’un académicien bourré de talent et d’humanité ». Dans ce récit pittoresque mais dépouillé de mysticisme, Jean-Christophe Rufin agite le monacal mystère de la pureté des moyens du magique Chemin par deux ou trois antiennes musicales dont le motet le plus chanté serait… indésirable miracle de la Passion du Christ puni de s’être fait interpellé dans un champ de marguerites et mis à mort sur la romanesque musique de El camino le célèbre tango argentin. Monsieur Rufin, un Jacquet ? Qu’est ce que c’est ? Il y a bien d’autres choses sérieuses à dire sur le Chemin parcouru par Jean-Christophe Rufin, mais ceci n’est qu’un modeste billet où j’ai volontairement évité la critique intime, les passages où il me paraissait qu’il effleurait Teilhard de Chardin, où l’humanitaire, le philosophe, le poète, l’inspiré pudique, le scientifique à l’écoute du monde, le critique d’un siècle où la masse et l’un jettent la confusion dans l’âme et l’esprit de l’humaniste font de ces 273 pages un petit code d’honneur et d’espérance pour l’Un et l’Autre.

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