Le coup monté, Carole Barjon et Bruno Jeudy
Copé, le maire de Meaux qui est dépourvu de la moindre éthique et qui ignore le sens des mots scrupules ou honnêteté a mis la main sur l’UMP avec l’appui de quelques comparses aussi intègres que lui. Carole Barjon et Bruno Jeudy, co-auteurs du Coup monté, en dressent un tableau accablant. Copé sait qu’il est minoritaire dans son propre camp et qu’il ne peut être élu qu’en bourrant les urnes et en ne comptabilisant pas toutes les voix de son rival haï. Il va donc organiser un système de fraude généralisée : procurations massives pour des pro-Copé, annulation des scrutins de certains bureaux ayant voté majoritairement pour Fillon, voire carrément non-comptabilisation des votes comme dans trois départements d’outre-mer. Tout est verrouillé : passée de l’ombre à la lumière, la Cocoé est essentiellement composée de partisans de Copé – les mauvaises langues l’appellent la cocopé – et l’usurpateur annonce sa victoire alors que la moitié des résultats n’ont pas encore été communiqués à la commission ! Comment les Dalton ont flingué Lucky Fillon avec l’aide en sous-main de ma Dalton Sarkozy. Tout cela fait un peu froid dans le dos : les amis et les partisans de Copé sont des individus peu fréquentables qui méprisent la démocratie. Ils sont à l’image de Jérôme Lavrilleux qui aime bien faire le sale boulot et se salir les mains en les plongeant dans le cambouis : on n’est pas impunément fils de garagiste, voire d’Eric Césari qui a appris les bases de l’honnêteté avec Charles Pasqua ; ou encore de Michèle Tabarot qui a la silhouette de Marine Le Pen, la chevelure de Marine Le Pen, la distinction de Marine Le Pen et les idées de Copé. Ceux qui respectent les électeurs et la démocratie, on les a poussés ou on les pousse dehors, à l’image de David Biroste, juriste de la Cocoé qui « avait eu la naïveté de penser qu’il était là pour dire le droit ». Ou de Dominique Dord, trésorier de l’UMP, qui a constaté que le pognon du parti était uniquement destiné à favoriser Copé, et qui démissionne de son poste en envoyant une lettre en forme de réquisitoire dont Carole Barjon et Bruno Jeudy donnent le texte en annexe. Les auteurs ont tout décortiqué, notamment le rôle de Patrick Buisson. Ce conseiller occulte de l’Elysée à l’époque de Nicolas Sarkozy, proche du Front National et grassement rémunéré par le contribuable pour des sondages bidon, va chercher à débaucher les partisans de Fillon. A force de jouer le peuple (Copé !) contre les élites (Fillon) il finira par indisposer les parlementaires arrivant même à ressusciter Jean-Pierre Raffarin. L’ancien Premier ministre célèbre pour ses aphorismes (la pente est rude mais la droite est courbe) va en effet réussir là où des pointures comme Nicolas Sarkozy et Alain Juppé ont échoué : mettre les deux ennemis autour d’une table. Car si Copé et Fillon finissent par conclure un compromis pour éviter l’implosion de l’UMP, personne n’est dupe : à côté de la haine que ces deux-là se vouent, les rivalités Giscard-Chirac, Chirac-Balladur et Chirac-Sarkozy étaient de la rigolade. Mais, tapi dans l’ombre, l’ex-président qui agite encore quelques marionnettes comme Hortefeux l’auvergnat, ou Guaino la voix de son mètre, n’est pas mécontent de voir s’étriper Copé et Fillon qu’il juge l’un et l’autre incapables de lui succéder. L’UMP n’a qu’un chef : Nicolas Sarkozy. C’est d’ailleurs la conclusion des auteurs du Coup monté : « Devant un député proche de Fillon qui n’en est pas encore revenu, Sarkozy est allé jusqu’à dire : si cela avait été pire, ç’aurait été encore mieux pour moi… » . Après cela, on s’étonnera que les électeurs ne veuillent plus voter ou, comme en Italie, votent pour des clowns. Carole Barjon est rédactrice en chef adjointe à la rubrique politique, chargée de l’Elysée et de la droite au Nouvel Observateur . Bruno Jeudy est rédacteur en chef du service politique du Journal du Dimanche .