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Je rentrai de l’école à pied, à vélo, chute dans le caniveau, et passai devant ce mur qui masque la vase, mer pleine, selon la règle des douzièmes… Jamais je n’aurais pu imaginer que sur ce mur, mon aïeul, Auguste, posait fièrement en compagnie de son fils, mon père Roger. Le Saint-Ildut à cette époque nourrissait la carrière de granit dont est fait le bourg de ce village et la rue du Rumorvan, maison de corsaire, d’armateur et d’amateur d’art puisque Monsieur Briot y tient son atelier, aquarelliste de renom… Bon passons, le temps est une verrue que je porte sur mon dos, papa naviguait, si peu connu, que cette lettre je la pose aux portes du vent, parfois violent, l’anse du Tromeur, est-ce ainsi que se nomme mon passé, personnellement, je meurs car je ne peux, ne veux y apposer ma pierre tombale, si tôt, les coups de pelles étaient pour les vers ; de beaux blancs sur l’hameçon de la mémoire afin de retrouver ce partage, mon père me tend une pelle, nous traversons un zeste de rivière, les pieds dans la vase, je suis si jeune, huit ans, et heureux de chasser de quoi appâter des lieues jaunes, et épater papa. Aujourd’hui, je suis un triste pêcheur, ne crois pas aux mots de l’église, ex-enfant de chœur, chieur à mes heures mais pas chialeur pour un sou, mes souliers crevés, reste ce zeste de souvenirs, où au café du port, sur la cale, l’équipe d’enfants se baignaient dès Avril, sortie de classe et hop, à l’eau ! Froide, je l’ignore, même la pluie ne nous arrêtait pas, ce gendarme aux baigneurs nous laissait fabriquer des jeux comme la course de crabes, et prendre de la hauteur pour plonger sur ce plongeon, je vous laisse entendre le vent des âmes, celle de l’aber qu’une fois les vaches furent surprises de croiser dans leur champ, des bateaux mal amarrés, le corps mort, laissaient apercevoir les veines du courant, sept mètres de marnage, à mon âge, je comprends le vecteur, à l’époque, insouciant, je ne savais pas que je finirai dans un champ, celui de Bohars, à imaginer la houle de cet Atlantique Nord, passage du four, mère d’Iroise, trêve, mon sang roule dans ce tableau sur cette image au papier glacé, la grève, je l’ai dans mes silences, chut, chute, machine arrière, la passé est évocateur, juste ce besoin de pleurer dans les bras de ma douce, et lui dire de ne pas m’oublier ! La suite à venir, la peur de revoir sa silhouette de marin confirmée, de l’autre côté du miroir, n’oubliez pas votre passé, comme ce jeté d’ardoise, un ricochet qui me nourrit car telle la Terre je ne tourne pas rond, mes fantômes sont présents de la tête au pied, moustache et canne, chapeau melon, et « Briseurs d’écumes » !

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