Actualité 

Naître à la Moix : Aller-retour : « Naissance »

Une nouvelle île a surgi dans le Pacifique, le Japon s’agrandit. Un héros est né : Francis Collomp. Madame la Ministre de la Justice se fait traiter de guenon. Plus personne ne parle à l’oreille des chevaux. Devinette : Elle devrait se voiler la face, la voilà qui se met à la sauce iranienne. La commission Warren a loupé son coup. 50 années après sa mort, la question est toujours vivante : mais qui a tué Kennedy ? J’ai trouvé un éditeur pour mon livre «  Chéri ! Vous permettez que je vous appelle Monsieur le rabbin ?  » Il a raison, je me suis relue, eh bien oui, il a du talent cet éditeur-là. Un Havana blues chez Publicis aux Champs : «  Naissance  » en mains et brutalement en quatre lignes, j’entre dans un roman que je sens, la vie avant la vie sur terre, avant la vie sous terre. « J’allais naître. Pour moi l’enjeu était de taille. Si c’était à refaire, je naîtrais beaucoup moins – on naît toujours trop. On devrait arriver en silence ». Moi qui ne suis pas intéressée par les « Prix », n’accorde que peu d’importance à des équipes satisfaites d’elles-mêmes ; moi qui, moi que, moi pourquoi, moi comme moi, moi rien, «  Naissance  » me donne naissance, m’allume comme un moteur à quatre temps. Yann Moix  : un patronyme malaxé de nougat avec l’or des scythes une mixture de pâte à bois et de petites morts : plein la bouche, plein la gueule, gueule du Maure qui flotte sur le drapeau corse ; mâcher avec le comment et le pourquoi ; le temps est le héros de l’éjection du Moix, Le Maure. J’en ai plein les yeux,«  Naissance  »me tombe dessus comme un tableau de Francis Bacon. Roman… Rom… Ror… Or… « J’allais naître. Pour moi l’enjeu était de taille. Si c’était à refaire, je naîtrais beaucoup moins – on naît toujours trop. On devrait arriver en silence ». Je le relirai cent fois pour me l’approprier, être pour un instant le « j » de «  j’allais naître  ». En deux lignes, un artiste peintre qui sait lire a tout en main pour créer une toile molle ou forte selon qu’il privilégie les courbes à la recherche d’une étoile dans un enchevêtrement de spermes chatoyants ou bien un réalisme sec et précis qui dans mon cas serait un pseudo art de figuration encagée dans un pubis de magicienne de l’enfantement. Nous en sommes tous là, à naître et renaître, certains ne le savent pas encore, à confondre leur date de naissance avec cet alunissage de la vie en avant toute, neurones en marche forcée, connaisseurs déjà de la terrible menace de tous les dangers à la rencontre d’un astre hostile. Yann Moix, sobriété du physique, intensité du regard. La première fois que je l’ai croisé, ce fut chez Ruquier dans l’émission ONPC, un divertissement que je ne regarde que si l’invité est un politique de haute voltige, un philosophe fou ou un savant éméché, n’y ayant jamais vu des fous vrais, dignes de l’être. A peine assis, on a pu voir comment Yann Moix avait transformé sa fragilité en puissance. J’avais été, dans le temps, assez osée, pour transcrire un « entretien avec Mozart », mais avec un homme qui mène sa vie en amoureux de la mémoire murée dans le corps de ses contemporains, je ne prendrai aucun risque. Comment aborder un homme assez gonflé pour avoir décliné trois temps de la conjugaison et faire parler un non-existant, un inachevé, sans ses yeux, en l’associant à un immense écrivain sonnant comme un discours musical syncopé martelant deux tambours comme deux puissants agents de communication magnifiant les trois entrées du monde dans la galaxie de Yann Moix ? – Vous avez fait la guerre Yann Moix ? – Oui, je suis un légionnaire – Je lui prends la main, émue. Veuillez excuser mon intrusion dans votre discours, je vous lis comme on lirait une partition musicale. Laquelle choisissez-vous ? Moi j’entends un concerto. Brahms ? Mais par pitié épargnez-moi Régine Crespin, je l’ai rencontrée à Chicago au cours d’une master-class à Northwestern Université. Elle fut odieuse, agressive avec de jeunes étudiants américains, j’ai eu honte d’être française. Je m’envole je m’égare avec votre permission. C’est un trio votre choix ? je suppose. « J’allais naître. Pour moi l’enjeu était de taille. Si c’était à refaire, je naîtrais beaucoup moins – on naît toujours trop ». Il y a là le prix à payer, le prix à gagner. Une portée à trois barres à donner le frisson au « j » encore cellulaire qui aurait toute aptitude pour aller venir sortir, lâcher une bordée d’injures, visiter Venise et rentrer in the midlle utérin, sans la moindre connaissance de son groupe sanguin ni de la couleur de sa peau, mieux de son sexe. Yann Moix, vous irez figurer à l’imparfait, au conditionnel, avant d’être au présent. Un personnage, deux tambours, trois instances un peu bruyantes. C’est loupé pour le silence !

Vous pourriez aimer lire: