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Palmyre… les pierres meurent aussi

Fiuminale Suttanu … Ce qui pourrait être un village a la réalité d’une pierre révélée par une mélopée, une vérité polyphonique chantée par quelques-uns dans la chapelle de San Ghjiseppu. Inaccessible aux zozos épris d’évasion sous les tropiques, Fiuminale Suttanu est un lieu gardien, une âme secrète, un rendez-vous en deux mots pour suspendre l’horreur d’un jour à Ankara, les mains coupées des petits voleurs d’Arabie Saoudite, les viols des femmes nigériennes, les égorgeurs de l’islamisme, les discours vaseux des spécialistes de l’incompétence, l’arnaque des Beltracchi qui voulaient «  se glisser dans la peau des peintres voulant faire les tableaux qu’ils rêvaient peut-être de faire  »… les fièvres tardives d’un Jean Daniel revenant sur le fait que Michel Onfray, comme Camus, est le fils d’une femme de ménage, décelant le danger qui menace M. Onfray : oublier sa mère. Fiuminale Suttanu c’est croire qu’il existe un lieu où les lumières surgissent comme des herbes folles, un lieu sans code postal, pour une poignée d’hommes, seulement accessible par les marcheurs sur des sentiers, où les pierres parlent la langue du vent, des vieux sarments, et si par chance le nez levé vers la lune il est possible qu’une bonne odeur de café vienne comme une bénédiction… Mais pour «  juste une trêve de cinq minutes pour un petit café  » il faut s’entraîner à mourir, à vivre l’impossible de la paix, se souvenir qu’une fois en dormant volets ouverts, on a reçu la lune en pleine tête, se joindre à l’impossible d’un Bataille qui «  ne cherche plus en effet de bonheur : je ne veux pas le lui donner, je n’en veux pas pour moi. Je voudrais toujours la toucher à l’angoisse et qu’elle en défaille : elle est comme elle est, mais je doute que jamais deux êtres aient communiqué plus avant dans la certitude de leur impuissance  ». Alors dans un état où l’on échappe à la pesanteur, s’effaçant devant les images sanglantes des égorgeurs, échappant aux lamentations des femmes devant leurs enfants massacrés, se redire les mots oubliés d’une terre d’ailleurs : Hippodrome du Caroubier… Une chéchia ? Qu’est-ce que c’est ?… Charles de Foucauld – Un père blanc – … Une croix dans les dunes… Glenn Miller joue à Mostaganem… Arabes de l’autre côté de la Mer… Aux sources de la Tafna… Passerelles dans la région du Sersou… Alors seulement, les genoux écorchés par les ronces, enivrés des parfums des lentisques et des chèvrefeuilles, posant le pied sur la première pierre de la chapelle de San Ghjiseppu transportée par ces hommes épris de la renaissance d’un hameau sans habitants, vous pourrez regarder un ciel-​patrie… Mais alors «  Si je dors, qui me donnera la lune ?  »

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