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Pour Charlie et les cerfs volants…

Vous avez sali mon beau pays avec vos trous de balles et je vous emmerde. Vous avez tenté d’assassiner ce que je suis et je vous méprise. Je vous dis « vous » parce que vous êtes plusieurs, mais vous ne méritez rien d’autre qu’un hasardeux et hypothétique pronom « impersonnel » dont vous ne comprendrez jamais le sens, même le plus éloigné, puisque décervelés vous êtes et sous-merdes vous resterez même dans les livres que le vent de l’histoire n’emportera jamais. Finissons là les anathèmes, on n’a jamais fait rentrer autre chose dans des trous de balles que des suppositoires, et si on pouvait tuer des ânes avec des figues molles, ça se saurait. Vous avez fait pleurer ma fille, et à mon tout petit univers à moi ça me suffit pour dire que vous m’êtes insupportables de faire pleurer des petites filles qui ne comprennent pas pourquoi vous n’aimez pas les cerfs volants. Je ne suis pas certain que vous compreniez bien les enjeux que vous avez tenté d’assassiner hier avec vos armes lourdes et vos idées courtes. Vous ne savez du monde qui vous entoure que ce que votre fermeture d’esprit (ne peut-on d’ailleurs pas plutôt parler de muscle subliminal ?) vous dicte et vous conduit à faire. Vous êtes d’une banalité affligeante et votre vie est à l’image du reste de vos jours : minérale. Comprenez-vous ce que nous nous acharnons (avec discrétion ces dernières années) à défendre chaque jour et que l’on nomme notre liberté ? Je vous rappelle que ceux qui vous ont conduits jusqu’à ces impasses dénient à la moitié des Hommes de cette terre le droit d’être soignés et éduqués, je vous rappelle que votre lecture approximative et honteusement mensongère des textes sacrés vous conduit à cacher cette moitié merveilleuse des Hommes derrière des grilles et des habits qui, s’ils n’étaient pas colorés, ressembleraient à des pions sur un échiquier barbare. Je vous rappelle enfin que perdus dans les méandres (ouille, mot difficile) d’une vie de ratés, vous avez choisi d’exister de la plus cruelle des manières et en ce sens, en imitant des millions de destins perdus depuis la nuit des temps dans les affres (re-ouille, autre mot difficile) des totalitarismes qui creusent leurs sillons sur la misère humaine et sur votre souffle à pénible haleine. Ah ça oui, je vous emmerde de ne pas avoir lu Voltaire, Montesquieu et d’avoir ignoré dans vos déshérences les croyances que procurent les lectures attentives de Monsieur Glouton, Monsieur Tatillon, Madame Beauté ou Madame Tintamarre. La cause qui vous conduit à tirer sur des gens désarmés, quel courage parfaitement dans la mire des souffrances que votre minéralité vous inspire à faire aux petites filles et aux femmes armées de leurs sourires, est perdue d’avance. Vous avez échoué partout où vous avez tenté de transformer des hommes en cailloux. D’ailleurs, à part décapiter des hommes les mains dans le dos et violer des chèvres, qu’avez-vous apporté à la mémoire des hommes ? Vous avez bafoué les règles fondamentales de votre livre sacré, comme en des temps reculés d’autres hommes avaient ensanglanté en Europe et ailleurs les codes de la bible, et vous êtes devenus des paillassons sur lesquels il est tout juste bon de s’essuyer les semelles crottées. Et vous nous avez tendu un piège, bien malgré vous, dans lequel après la parole du deuil, il conviendra de surveiller que la parole politique ne s’affaisse pas dedans. Le piège est celui de l’amalgame qui pourrait conduire certains à confondre les uns avec les autres, un peu comme un dyslexique qui pense que le « b » se prononce « d », ou un peu comme celui qui dit que le « croyant » est un « fou ». Le peuple des hommes libres, ne parlons pas ici de l’idée de Nation (le temps de la parole politique n’est pas de quart aujourd’hui), se bat depuis des siècles pour éclairer le monde de la philosophie des Lumières, de l’esprit des lois, de l’idée même de Res Publica , de l’approfondissement sur tous les paysages et à tous les temps de l’indicatif de la nécessaire éducation des Hommes, de la tolérance et de l’amour, de la laïcité et de la solidarité, des valeurs essentielles du devenir humain, du combat pour l’anéantissement de toute forme de totalitarisme et d’obscurantisme, du droit offert à chacun de jouir de son libre arbitre, de la liberté essentielle de la parole, de la pensée et de l’action respectueusement de celles des autres, de la possibilité offerte aux petites filles de faire voler leurs cerfs volants au gré du vent léger de la vie qui court… Et vous voudriez nous effrayer avec vos idées mortes et vos diatribes ? Vous voudriez que nous vivions à genoux à écouter vos ordres psychopathiques à tendance schizophrénique ? Notre peuple des hommes libres a souvent été visité par vos litanies et vos armes façon connards de tous pays unissez-vous depuis toujours et sous n’importe quelle bannière . Votre idéologie, si tant est que l’on puisse dire que la connerie en soit une, est un déni de l’autre, et vos actions, même celles qui consistent à respirer comme aurait dit Périclès, sont un crime contre l’humanité. Nous n’y avons jamais cédé, et je puis dire ici que nous n’y cèderons jamais. Nous sommes en effet beaucoup trop passionnés par le bonheur des autres pour nous laisser aller à votre fond de commerce : le culte du « moi » et de l’émoi. Et puis n’oubliez pas que vous n’êtes que des poignées de cons perdus dans l’immensité de la longue coulée des siècles de l’évolution des hommes. Des centaines de milliers d’Hommes et de Femmes sont venus spontanément mercredi soir se dresser debout dans le monde entier, vous dire à quel point les anges vous pissent dessus . Dans le ciel étoilé de France et de Navarre pleuraient les morts de Charlie, la bande décimée. Ils pleuraient de n’être plus parmi les vivants pour continuer de dire à quel point il est utile et indispensable de vivre son chemin dans le respect des fondamentaux et aussi dans la moquerie des habitudes. Mais si ces hommes et ces femmes sont partis, leur esprit est resté pour nous aider à poursuivre ce que nous faisons depuis des lustres et dont vous ignorez le premier des piliers : la culture de notre liberté. Quand ma fille m’a demandé pourquoi ces gens avaient tué d’autres personnes, je me suis trouvé dans l’impasse de n’avoir aucun mot, mis à part lui dire que c’était parce qu’ils ne supportent pas les cerfs volants. Il se trouve que le père noël avait eu la géniale idée de lui apporter la reine de neiges en cerf volant. L’idée de faire voler du tissu était donc dans l’air si je puis dire. Alors ma fille s’est mise à chercher dans son esprit tout neuf et naïf pourquoi on pouvait tuer des gens parce que justement ils veulent faire voler des cerfs volants. Je pense qu’une poule qui a trouvé une brosse à dents aurait fait meilleure impression. Alors, et parce qu’elle est une merveilleuse boule d’émotion, j’ai vu des larmes qui remplissaient son regard. Et je n’ai rien pu faire d’autre que de me taire et de me dire qu’il y avait autre chose d’obscène dans ce jour sans fin. C’est un crime sans nom que d’interdire le bonheur et les sourires des enfants. C’est un autre crime d’avoir tué des hommes parce qu’ils étaient différents et qu’ils se moquaient des choses qui dans leurs fondements même font rigoler même les plus débiles. C’est un crime contre l’humanité toute entière d’armer les enfants avec d’autres choses que des stylos et des livres. C’est une abomination sans fond que de profiter de sa force armée pour abattre un être humain désarmé. Et ma fille qui croit qu’elle rencontrera bientôt la reine des neiges, le sait parce que malgré ses larmes s’éveille derrière ses grands yeux une âme éduquée à la tolérance, à la liberté et à l’amour du genre humain. Elle le sait aussi parce qu’à son école, comme dans la mienne, les valeurs de la République nous demandent avec justesse de faire apprendre que c’est pas la faute à Voltaire, que 2 et 2 font 4 et que le verbe « grandissir » n’existe pas et qu’il n’existera jamais. Et c’est un honneur que d’être dans ce combat là pour lui permettre, à elle et à ses copines du monde entier de continuer de faire voler sa reine des neiges au plus haut des étoiles, au plus près des anges qui pissent sur les cons, si loin des cailloux et si près de moi. Le reste est l’affaire des grands et des peuples qui se mettent debout contre la barbarie la plus abjecte. Il était temps.

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