Reflets de la semaine (159)
Depuis la sortie, entre autres, de Philadelphia , il y a tout juste 20 ans, l’homosexualité s’est projetée à plusieurs reprises sur grand écran, dans des films comme Le secret de Brokeback Mountain (2006), Harvey Milk (2009), A single man (2010), ou Week-end (2012). Cette année, à Cannes, elle a littéralement capturé la lumière, avec La vie d’Adèle , palme d’or, et deux autres longs métrages, Ma vie avec Liberace et L’inconnu du lac … Peu à peu, elle est sortie du bois, à cause d’une présence plus « combative » des intéressé(e)s et d’une prise de conscience collective orchestrée par les médias. Mais une minorité, quelle qu’elle soit, peut-elle dicter sa loi et diviser autant, comme en France, à propos du mariage pour tous ? A coup sûr, d’autres minorités se réveilleront à leur tour pour défendre leurs droits, envers et contre tous. Mais je crains fort que ces levées de boucliers ne divisent plus qu’elles ne fédèrent. Et ce n’est pas parce que les luttes, présentes et à venir, figurent en bonne place dans les programmes électoraux, tous bords confondus, qu’elles régleront tous les problèmes, au nom de la démocratie, dont Albert Camus disait que « ce n’est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité ». Le « vivre ensemble », en effet, repose avant tout sur la tolérance, de part et d’autre, car, sans ce « combustible » essentiel, la société court le risque de se déliter ! « La poésie est dans la rue », un des nombreux slogans de mai 68, est apparu sur la porte du Consulat général de France, qui borde la place Taksim, à Istanbul. Devenue le lieu de rassemblement quotidien de milliers de manifestants, dont l’hétérogénéité fait la force, son nom signifie « division ». En effet, le Premier ministre en exercice a opté pour un bras de fer avec les opposants, devenus, en quelque sorte, les « têtes de Turc » du régime. Pour mieux encore les accompagner dans leur lutte, pourquoi ne pas leur proposer d’autres slogans ayant déjà servi chez nous, comme « Tout pouvoir abuse, le pouvoir absolu abuse absolument ! » ? Mais leur imaginaire, parce qu’ils sont déterminés, semble parfaitement bien s’adapter à la situation. La « Marche turque » est en mouvement, et rien ne semble pouvoir l’arrêter. A noter que de nombreux soulèvements ont eu comme « épicentre » une place célèbre – Sorbonne, Tian’anmen, Tahrir…, – et que leur issue n’a pas toujours été heureuse. Au nom de la plus élémentaire démocratie, cela vaut tout de même le coup d’essayer ! « La Marseillaise » pour « Rougeaud de Lille », comme on l’appelait affectueusement… Pierre Mauroy n’est plus, mais il laissera le souvenir d’un grand homme d’Etat, proche du peuple et réformateur dans l’âme… Dors, mon « Gros Quinquin » – un autre de ses surnoms –, et, surtout, repose en paix !