Reflets de la semaine (46)
Aimé Césaire au Panthéon … Trois ans après sa mort, survenue le 17 avril 2008, on vient d’y accueillir son âme, mais pas son corps. Poète avant tout – » La poésie est une insurrection contre la société » -, il fut également un homme politique influent qui, toute sa vie durant, a combattu le colonialisme … » Aucune race n’a le monopole de l’intelligence, de la beauté, de la force, et il y a une place pour tous au rendez-vous de la victoire « , écrivait-il. Faites passer ! » Les armes miraculeuses « , titre de l’un de ses recueils, n’ont certainement pas le même impact que celles qu’on utilise dans les conflits armés à travers le monde, notamment en Afrique … La poésie est autant un moyen de destruction que de reconstruction. Elle permet de blâmer, de dénoncer, mais aussi de glorifier, d’encenser ! Aujourd’hui, cette manière essentielle d’être au monde est quelque peu délaissée, voire marginalisée, et les idéaux – ou le peu qu’il en reste – en souffrent, bien évidemment. A propos de l’Afrique, justement, Césaire l’évoquait dans un livre d’entretiens, » Nègre je suis, nègre je resterai « , paru en 2005 … » C’est une question très importante, angoissante. Le sort du Liberia, celui de la Côte d’Ivoire sont effrayants. Nous protestons contre le colonialisme, nous réclamons l’indépendance, et cela débouche sur un conflit entre nous-mêmes. Il faut vraiment travailler à l’unité africaine … » Propos visionnaires, comme ceux de tout poète qui se respecte. Rimbaud, dans » Une saison en enfer « , écrivait : » Oui, j’ai les yeux fermés à votre lumière. Je suis une bête, un nègre. Mais je puis être sauvé … » Et de passer en revue quelques specimen de nègres, comme le marchand, le magistrat, le général, l’empereur ! Cette citation pourrait faire écho aux » Chants d’ombre » et aux » Hosties noires « , de Léopold Sédar Senghor, l’ami de Césaire et autre chantre de la négritude ! Poétiquement vôtre.