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Reflets des arts : Hommage à Robin Williams

Il y a avait chez lui quelque chose de décalé, un humour qui nous touchait, car il nous ramenait vers un trésor perdu quelque part au fond de nous-même. Il y avait chez lui comme une enfance qui lui permettait de jouer de la rigidité de nos valeurs. Sans les remettre fondamentalement en question, puisqu’un enfant va à la découverte avant de se constituer des bases, il en explorait les arcanes, sortant du cadre, allant dans la forêt de son imaginaire foisonnant. Il se permettait de nous présenter un miroir dans lequel nous retrouvions ce que nous avions été, plein de ressources, plein de rires, plein d’avenir. Il n’était jamais sérieux mais sérieusement drôle, car derrière la façade de son comique, s’y tenait bien tenace une furieuse tendance à prendre en dérision tout et son contraire, notre monde de certitudes et toutes ses invraisemblances. Comme une douche rafraîchissante et bienvenue dans la chaleur humide du monde que nous percevons. Il faisait exploser par le cœur et par l’humour notre raison qu’il embarquait de bon gré vers une multiplicité d’impossibles. Comme un lierre qui s’agrippe sur le mur de nos vérités, sur le cloisonnement soigneusement élaboré de nos différences, il décorait notre maison du charme fou d’un feuillage que la moindre bise faisait vibrer, tel un rire qui nous venait du fond du ventre et parfois même, pouvait nous faire mal. Il nous replaçait comme des personnages de cire dans son monde improbable et nous donnait une vie que jamais nous n’aurions eu l’audace de supposer. De ses jeux de situations se moquant de cette humanité qui se sclérose en des attitudes empreintes de sévérité qu’il avait beau jeu de retourner pour en achever le ridicule, il nous redonnait par un coup de jeunesse incroyable, de quoi vivre et espérer du meilleur de nous-même. A mon avis, quelque part dans son existence, Robin Williams avait rencontré très probablement le « Petit Prince » d’Antoine de Sainte Exupéry.

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