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Syrie or not Syrie…

Une sorte de feuilleton, de jour en jour, puis d’heure en heure, pour finir de dépêche alarmiste en brève attentiste… Le champ médiatique – le nôtre, à RDT, modestement, aussi, face à l’Évènement en gestation, en « live », comme il sied à notre temps hyper médiatisé, reflétant à l’infini les bruits du monde – les fondamentaux, les infimes… Curieusement, le battage fut moindre pour le sinistre jour des bombardements chimiques, en Août. J’ai mis, quant à moi, un peu de temps avant de « caler » les 1500 morts, et de quelle façon ! de l’avalanche Damasquine. J’ai peu vu, dans la devanture des marchands de journaux, éclater les Une le lendemain. La Syrie et ses morts, encore ? Un massacre de plus ? Et l’été qui continue… le Sarin, faisant, c’est vrai, mauvais ménage avec le sable. Mais, dès qu’Obama, puis Hollande – à moins que ce ne fut finalement le contraire – ont annoncé l’imminence des sanctions (la « punition » a dit la France – langage humain avant d’être diplomatique) ; sonnerie des buccins. Le temps de la guerre – chouchou médiatique entre tous – était (peut-on dire, enfin !) là. Les affaires sérieuses pouvaient commencer, de « 20 h », en éditos, de chronique-opinion de Reflets, en analyse – fine, comme toujours, du Nouvel Obs. Facebook, ses petits commentaires bondissant comme autant de galets de torrent pyrénéen, ses likes, du coup, plus incongrus que jamais, Tweeter, sa vitesse de la lumière démultipliée, étaient de la partie, et nous devant, même ceux qui ne sont pas abonnés du sport en clics : – « non, là, je ne peux laisser passer ça ! »… et de partager nos fortes pensées, de relayer ou de résumer ce qu’en avait dit Guetta sur France Inter, avec l’impression bonne pour l’égo, que, ma foi, on s’exprimait sur un réel d’importance. On aurait pu s’attendre – grille structurale du Mali de l’hiver en mémoire – à une bonne lampée d’adhésions – enthousiastes, peut-être pas, mais raisonnablement acquiesçantes. Une Europe enfin unie sous la bannière des Droits de l’Homme, chevauchant – naturellement – aux côtés d’une Amérique enfin sortie de l’éternelle posture isolationniste, si fréquente en temps de crises. Hollande ne présentait-il pas le conflit Syrien comme majeur en ce début du XXIème siècle ? Il y allait tout simplement de l’Homme ; partir allait de soi, et se révélait vital pour toute démocratie. Sauf… qu’en Histoire, rien ne se répète jamais exactement. La peur – du jeu de dominos et le fracas de sa chute ; le souvenir ancré de Bush et l’ami Blair, lançant sinistrement le jeu de piste des armes de destruction massive, l’autre et dernière Guerre d’Irak, sonnèrent la fin des « haut les cœurs ». Le chevalier Cameron se replia derrière les bancs de son Parlement. Obama jugea prudent de trouver plus démocratique un vote préalable de son Congrès. On sait que, nous, on la joua, ennuyés, mais patients. Il fut urgent d’attendre. Fin des meilleurs films de Sergio Leone, quand on entendrait une mouche haleter, pendant que cliquette le pistolet. Le monde retenait son souffle ; Assad, on suppose, inspectait d’un coup d’œil à 360 degrés les planques pour ses « joujoux ». Chine et Russie fourbissaient les arguments – niet à tous les étages. Poussaient ça et là les sondages : « êtes-vous d’accord pour aller bagarrer en lointaine Syrie ? », ce qui équivalait à vous convier d’arborer, in petto, le Haubert à croix rouge des Croisades, qui, en médiévale époque, foulèrent – on s’en souvient – le sol Syrien, déjà. Chiffres accablants ; tous aux abris, quel que fut l’argumentaire. Joutes ferraillant dans tous nos médias, alimentant un spectacle de bonne qualité, de notre BHL œuvrant avec belle tenue au soutien avec participation, au Figaro fermement partisan de l’arrière. Du Mediapart ici, de l’Obs soulignant, prudent, « les pièges du projet Syrien », des « non ! » de Dame Boutin, tremblant pour les Chrétiens de Damas, de Borloo dramatique, faisant écho – une fois n’est pas… – au Béarnais haï… ; des « oui » francs, des « oui, mais »… Tournois à l’ancienne… Fracas des lances, tant aimé de la planète médiatique. La guerre, avant la guerre ! Reflets du Temps fut de la partie – pas sur le Central, on s’en doute ! Une chronique-opinion, droit sortie de l’ordi du directeur de publication, Mourir pour la Syrie  ?, n’invitait à l’évidence pas à répondre au recrutement. Mais quel feu roulant de commentaires ! On s’y affronta à coups de Munich, Munichois, odeurs de 39, et autres Balkans dont la poudrière jetait sur le mag la lourde arrivée de 1914. L’Histoire était convoquée… ne restait plus qu’à peser, puis choisir son camp. Lorsque, lassé ? machiavélique ? désireux d’en profiter pour regagner le jeu international, ou… diront certains esprits chagrins, plus rusé que tous – joueur à trois coups d’avance – lorsque, donc, Poutine avança de trois pas sur l’échiquier, ouvrant la porte à nouveau à la géopolitique, l’ensemble des média accompagna le « ouf », un rien déçus pour certains. Peu, à ce jour, de relayer l’appel à la vigilance de la diplomatie française, seule, ou presque, à demeurer pourtant à la hauteur de l’Évènement lui-même…

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