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Elections allemandes : eine « GroKo » oder ein Kroko ?

Telles sont les principales données des résultats des élections allemandes du 24 septembre : à nouveau, une possible « Grosse Koalition » (GroKo) CDU/SPD ; mais, tapi en embuscade, « ein Krokodil » (Kroko), l’AfD, l’Alternative für Deutschland… Die GroKo Avec un peu moins de 35% des voix et 238 députés, la CDU/CSU reste – très largement ! – le premier parti allemand, mais n’atteint pas, loin s’en faut, la majorité absolue au Bundestag (313). Le SPD de Martin Schulz, ex-président du parlement européen, enregistre, quant à lui, avec quelques 20,4% des suffrages, son plus mauvais score de l’après-guerre – souvenir des effets sociaux dévastateurs des plans Harz successifs et de la paupérisation des salariés qui s’en est suivie ; mais aussi du débat télévisé perdu contre Angela Merkel. L’Allemagne se dirigerait ainsi peut-être, en dépit des réticences de Schulz, vers une reconduction de la « grande coalition » du centre droit et du centre gauche, le curseur – comme en France ! – penchant fortement vers la droite sur le plan économique… malgré – cerise sur le gâteau – une ou deux mesures sociétales « progressistes » (migrants, mariage gay). Tiens ! On dirait du Macron. Das Krokodil L’entrée en force – 13%, 94 élus – de l’AfD au parlement constitue évidemment LA grande nouveauté de l’heure, rendue possible par le mode de scrutin à la proportionnelle. « Vote historique », titre Die Zeit , « le jour le plus sombre », surenchérit la Frankfurter Allgemeine Zeitung . La journaliste Evelyn Peternel, du quotidien autrichien Kurier , comparant, elle, les trajectoires respectives du FPÖ de feu Jorg Haider et celle de l’AfD : « il y a manifestement des parallèles, écrit-elle, la xénophobie, la lassitude face aux grandes coalitions (en Autriche, celle du VPÖ démocrate-chrétien et du SPD) (…) je pense que la plus terrible erreur, en Allemagne, serait de former derechef une telle coalition ». Au fait, qu’est-ce que l’AfD ? Coexistent, en son sein, trois courants : – Les « National-Deutschen » d’Alexander Gauland, dont les mots d’ordre sont sécurisation des frontières et contrôle des migrants… mais également une relecture de l’histoire. Gauland, par exemple, se déclare « fier de ce qu’ont fait les soldats allemands pendant les deux guerres mondiales ». Passe encore pour la première ; mais quid de la seconde ? Sachant que la Wehrmacht a prêté main forte, à l’occasion, aux Einsatzgruppen de la SS, chargés de liquider juifs et communistes, à l’arrière du front de l’est. Mais Gauland n’en a cure, il continue : « par conséquent, nous avons le droit de récupérer non seulement notre terre (allusion à la réunification) mais et non moins notre passé. On a plaqué, à la légère, un faux passé sur le peuple allemand, comme jamais sur aucun autre peuple ». – Les « National-Völkischen » emmenés par Jorg Meuthen. C’est la frange la plus dure, « die identitäre Kraft », la force identitaire, au racisme sous-jacent. Nataliste – trois enfants par famille – Meuthen combat la théorie du genre, cette « destruction de l’ordre naturel des sexes ». – Enfin les « Chrétiens » sous la houlette de Beatrix von Storch, homologue de Béatrice Bourges, l’organisatrice en France de la Manif pour tous. Elles tiennent, à peu près, le même discours. On le voit, les alliances « centrales » des modérés – les « GroKos » – ne font qu’alimenter le crocodile néo/post fasciste… Macron devrait en prendre de la graine…

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